[Libre] Son Royaume désormais Nôtre

Loin était l'astre du jour, engloutit minute par minute, par l'horizon insatiable. Mourrante était sa lumière, les derniers rayons du soleil s'évanouissant alors que leur source disparaissait du regard des habitants de la sinistre montagne jusqu'à l'aube prochaine. Et tandis que la nuit se faisait la place belle, remplaçant son homologue éclatant, je sortais de la caserne où j'avais passé la majeure partie de mon temps récents, un mélange de soulagement mais également de satisfaction sur le visage, comme à chaque fois.

Quittant l'intérieur du bâtiment délabré, c'était avec une reconnaissance non feinte que tout mon corps me remerciait pour l'air nocturne qui caressait sa surface. Certes, l'entraînement était important et je faisais des progrès, petit à petit, mais il était indéniable que le repos, surtout par un temps aussi clément, était une récompense plus que bienvenue. Même moi, aucunement gênée par la chaleur en temps normal, appréciait la douceur de cette nuit qui s'installait.

M'étirant les ailes pour les soulager, je prenais congé de mon entraîneur du jour avec qui j'avais passé la journée, loin des rayons du soleil. C'était intéressant de noter comment j'avais pris définitivement l'habitude de me calquer sur le rythme de mes compagnons nocturnes. Tout l'inverse de quand je vivais à Warfang, où traîner la nuit était généralement vu comme étrange, voire inquiétant. J'en ignorais la cause, mais les habitants de la cité sacrée semblaient avoir un véritablement problème avec la tombée de la nuit, comme si un évènement marquant lui était dorénavant intimement lié.

Je me disais en cet instant que ce n'était cependant point mon problème. Après tout, je n'avais pas prévu d'y retourner dans l'immédiat. Je n'avais rien à y faire de particulier, surtout faiblarde comme j'étais. Donc à moins que protecteur vampire n'y fasse un crochet, cela n'entrait pas dans mes plans. Et hors de question d'y aller seule. Et non pas car je l'avais décidé, mais plutôt car ma liberté n'était qu'à moitié mienne. Le vampire originel craignait encore quelque peu que je me remette dans des ennuis.

Etant d'abord restée dans ma chambre des jours et nuits entières pour le rassurer, mes efforts avaient finis par le convaincre, m'autorisant à nouveau à vadrouiller par moi-même, tant que je m'éloignais pas trop. D'un commun accord, nous avions donc définie une zone autour de chez nous, de ce flan-ci de la montagne, suffisant proches de notre foyer ou de la caserne, si jamais je devais m'arrêter quelque part.

Estimant avoir assez récupéré, je prenais mon envol, quittant la caserne, m'éloignant de celle-ci, tout en prenant la direction opposée de ma maison commune au vampire pourpre. Ce n'était pas la première fois que je partais en exploration, je doutais que ça inquiète quiconque, tant que je respectais notre accord. De plus, j'avais aussi soif de connaissance. A trop restée enfermée et occupée, je ne connaissais toujours pas vraiment la région. Donc je profitais de mes temps libres pour apprendre.

J'avais d'ailleurs découvert une cavité non loin, quelques soirs plu tôt, quand la Lune était bien haute. Elle m'avait tapé dans l'oeil car, de part son orientation, l'entrée était dirigée vers le sommet de la montane. Et derrière celui-ci, l'astre lunaire finissait par passer quand la nuit avançait. J'avais trouvé ce spectacle très beau sur le moment. Et je souhaitais le revoir, avec une autre phase cette fois-ci. C'était donc vers ce lieu que je me dirigeais, volant à ras du sol pour ne pas trop attirer l'attention avec mes écailles incolores.

Arrivée à destination, je me posais doucement, papillonnant sur place, m'assayant à flanc de l'entrée de pierre, regardant le sommet de la montagne funeste. J'avais entendu nombre d'histoires à son sujet. Y compris sur celui qui avait régné sur ces contrées. Peu de dragons ignoraient ses crimes. Certains avaient même vu la 'fin du monde' qu'il avait engendré avec son colosse de magma.

"Dragon Violet comme Spyro, le héros... Ancien Mentor de Dame Cynder... Et Tyran aux yeux des deux... Quelle étrange histoire..." murmurais-je à moi-même, pensive.